Avis d’expert par Jérôme Dubois, Responsable marché santé, Blue Soft Empower

Quel est le degré de maturité technologique de votre groupement hospitalier de territoire ? L’expérience en fait émerger 4, du socle d’infrastructure essentiel à l’intelligence artificielle. Tour d’horizon des étapes de construction de l’innovation dans les GHT et des solutions technologiques pour les mettre en œuvre.

Parcourir sans faillir les 4 niveaux de maturité d’un SIH

La modernisation des systèmes d’information des GHT fait apparaître un besoin fort de mettre à jour les environnements et de bâtir des SI résilients afin d’apporter de l’innovation, actualiser les processus métier et déployer de nouvelles fonctionnalités.

La convergence, la mutualisation et la sécurité des GHT dessinent, pour leurs maîtres d’ouvrage, un long cheminement à parcourir, composé de paliers fondateurs, socles des prochains projets technologiques. C’est un pas-à-pas vertueux, dont on ne saurait sauter les étapes, au risque de compromettre les chantiers à venir. De ce cheminement, il ressort, de façon schématique, quatre niveaux de maturité du système d’information des hôpitaux publics et privés, qui composent un parcours d’innovation complet.

Du socle d’infrastructure à la gestion et l’exploitation de la donnée grâce à l’intelligence artificielle, en passant par le déploiement d’outils collaboratifs et la dématérialisation de processus métier, chaque étape rapproche l’hôpital de ses objectifs primordiaux : le renforcement de la sécurité, la réponse aux besoins collaboratifs, la consolidation des processus, l’anticipation des besoins. Sans oublier, l’amélioration de la prise en charge du patient et le raccourcissement des délais de diagnostic.

Construire et sécuriser le socle d’infrastructures

De nombreux cas d’usage cohabitent dans ce premier socle, et construisent la convergence des SIH. La fusion des annuaires et la mise en œuvre de l’identité numérique unique reposent sur la mise en place d’un socle technologique unique. Il s’agit avant tout, on l’aura compris, d’accompagner la mutualisation des applications métiers et d’éviter le développement et le déploiement de doublons, tout en facilitant la création d’espaces de fichiers partagés et la collaboration dans un environnement uniforme.

En corollaire, la sécurité des identités suggère une gestion centralisée des comptes utilisateurs, dotée de systèmes de détection des comportements suspicieux d’une part et d’indicateurs de conformité aux recommandations de sécurité d’autre part. Les solutions de sécurité transverses permettent enfin de faire remonter les alertes depuis tous les systèmes, quels que soient les sites concernés.

Au-delà des identités, la sécurité globale d’un GHT s’appuiera sur l’approche Zero Trust recommandée. Elle repose sur 3 principes fondamentaux et consiste à opérer la vérification systématique des authentifications, à n’accorder que le minimum de privilèges et à adopter le postulat selon lequel une violation de sécurité est toujours possible.

Last but not least, la virtualisation permet de faire face à l’obsolescence des matériels tout en accordant l’accès au SI, dans tout contexte. Elle offre une réponse à de très nombreuses situations rencontrées par les DSIH (nécessité de déployer des environnements de test, fournir plus de puissance de calcul, accueillir de nouvelles équipes, etc.).

Accélérer la collaboration entre les services et les établissements

Le personnel hospitalier est déjà largement équipé en moyens de communication. La DSIH en revanche doit en garder le contrôle et dans une certaine mesure, éviter la saturation informationnelle ou le shadow IT. Emails, tchat, téléphone, visioconférence, partage de documents et d’applications de collaboration, depuis un ordinateur fixe ou portable, un téléphone mobile, un écran connecté d’une salle de réunion, l’ensemble de ces outils participent de la communication unifiée et de l’interopérabilité qu’elle propose.

Recevoir des appels d’où qu’ils proviennent, s’assurer de la disponibilité d’un membre du personnel, accéder à un portail unique et respecter les normes de confidentialité requises relèvent d’un standard dans le monde hospitalier dorénavant. C’est, entre autres choses, indispensable dans le cadre de la mutualisation des achats, l’automatisation des demandes de matériels, logiciels ou équipements médicaux et l’accès à l’information en mobilité. La remontée effective de l’information est au cœur de la stratégie hospitalière d’unification des achats.

Les nombreux outils de communication unifiée ont en outre vocation à faciliter l’accès au soin en minimisant les déplacements et à permettre une continuité des soins en distanciel, à travers les consultations et les ateliers thérapeutiques.

Dématérialiser les processus métier

Derrière le dossier patient, ce sont mille processus métier à la manœuvre. En admission ou préadmission, le personnel hospitalier doit vérifier de nombreux paramètres tels que l’identité et les coordonnées, l’historique et les antécédents. La dématérialisation de ces processus, certifiée HDS, permet à la fois de proposer aux patients un meilleur accès à l’information, mais également de procéder à leurs démarches administratives depuis chez eux. Le gain de temps pour le personnel de santé profite à la gestion des services, aide à mieux anticiper les besoins et à minimiser les éventuelles erreurs.

Le fort développement de la chirurgie ambulatoire est également concerné : sa pratique requiert un accès en temps réel aux plannings de disponibilité des lits comme à ceux du personnel soignant, ainsi que la parfaite identification des patients.

Enfin, le cadre particulier de la gestion des gardes fait intervenir de nombreuses parties prenantes : chef·fes de service, médecins, infirmier·ères, aides-soignant·es et personnel du service des ressources humaines. La dématérialisation permet alors de faciliter la création et la consultation des plannings en les rendant multiplateformes, en interne comme en externe.

Anticiper les besoins et soigner avec l’IA

L’intelligence artificielle peut apporter beaucoup pour l’hôpital, les équipes de soins et les patients. Un outillage dédié accompagne le suivi postopératoire des patients en leur permettant de renseigner la progression de leur état, leurs douleurs et leurs ressentis, et de disposer de conseils adaptés, doublés d’un suivi de l’équipe soignante.

L’analyse et la corrélation des multiples flux de données, internes comme externes, aident aujourd’hui les établissements à anticiper avec beaucoup de précision les taux de remplissage des services, les besoins de matériel en corrélation avec les fluctuations des admissions et évaluer les besoins en personnels sur chaque site.

Sans chercher l’exhaustivité, citons encore l’amélioration des diagnostics et des pronostics, par l’extraction de l’information pertinente des comptes-rendus hospitaliers, la visualisation synthétique des données patients et la recommandation dans l’évaluation.

Ces cas d’usages, d’ores et déjà éprouvés, ont tous vocation à répondre concrètement aux besoins identifiés des personnels soignants. Ils illustrent l’hôpital de demain avec réalisme et tout le recul nécessaire sur les technologies disponibles pour y répondre.

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