Bio-éthanol e85 & ZFE : Reims & Montpellier disent oui… mais personne ne suit

Face à l’obsolescence programmée de très nombreux véhicules en raison de leur classification Crit’Air, leur conversion au bio-éthanol e85 pourrait prolonger leur durée de vie, tout en limitant leurs émissions de CO2 fossile à l’usage. Une durée de vie prolongée également favorable au secteur de l’après-vente automobile.

Le classement Crit’Air a été mis en place pour lutter contre la pollution de l’air en régulant la circulation des véhicules dans certaines zones, notamment les zones à faibles émissions (ZFE) et les zones de circulation restreinte (ZCR). Ce système a été introduit pour réduire les émissions de polluants atmosphériques et améliorer la qualité de l’air, en particulier dans les grandes villes.

Véritable usine à gaz comme savent les produire les administrations tant européennes que françaises, chaque zone bénéficie de son propre calendrier et de ses propres critères d’interdiction. Y compris sur les horaires où il est possible de rouler (ou de stationner) avec les véhicules concernés, pour certains encore récents.

ZFE : créer l’obsolescence automobile… et la combattre par ailleurs

Prolonger au maximum la durée de vie des biens de consommation courante, en garantissant leur « réparabilité » sur plusieurs années. Et bien sûr interdire l’obsolescence programmée volontaire de la part des fabricants. Laquelle constitue, depuis 2015, un délit sanctionné par deux ans d’emprisonnement, une amende de 300 000 euros (pouvant aller jusqu’à 5 % du chiffre d’affaires de l’entreprise), ainsi que des interdictions d’exercer.

Tel est l’esprit de la loi, et plus globalement du législateur, qui reconnaît donc la nécessaire prise en compte du cycle de vie des produits. Et enséquence les coûts écologiques de la fabrication et de la destruction et du recyclage des produits manufacturés, au-delà de leur impact écologique d’utilisation.

En matière automobile, c’est l’exact opposé qui est proposé par le calendrier des interdictions de circuler dans les ZFE et ZCR. Tant pis pour les voitures existantes, même si elles sont en parfait état, très bien entretenue et peu kilométrées… on jette. Alors même que l’impact environnemental de leur fabrication pourrait encore être amorti sur quelques années supplémentaires.

Heureusement, quelques irréductibles commencent à prendre le sujet à bras-le-corps : c’est le cas des métropoles de Reims et Montpellier, qui proposent aux convertis à l’éthanol de pouvoir continuer à circuler. Mais à condition d’obtenir, auprès de leurs services, une dérogation… individuelle.

e85, cycle de vie des véhicules et entretien automobile

La question ici n’est pas de remettre en question la pertinence ou non des véhicules électriques à batteries ou à pile à combustible, mais plutôt de mettre en cause un calendrier absurde, qui a pour conséquence d’accélérer l’obsolescence des véhicules déjà en circulation. D’autant que des alternatives permettent aujourd’hui de les faire durer, tout en réduisant leur impact environnemental d’utilisation.

C’est le cas de la conversion au super-éthanol. Qui bénéficie, dans la majorité des régions, de la gratuité de la carte grise parce qu’utilisant un carburant propre. Mais à laquelle les pouvoirs publics refusent le changement de vignette Crit’Air. Contrairement au GPL : la conversion suffit à obtenir une vignette Crit’Air 1, quelle que soit la norme EURO d’origine du véhicule. Dès lors pourquoi refuser ce privilège à l’E85 ?

D’autant que la conversion est beaucoup moins onéreuse que celle au GPL : environ 3 fois moins chère (1 000€ vs 3 000€ environ), et sans empiéter sur le coffre pour un nouveau réservoir. Ce qui permettrait de donner un second souffle à des véhicules qui ont encore de beaux jours devant eux, qu’ils aient été classifiés à l’origine en Crit’Air 2, Crit’Air 3 voire plus.

L’après-vente automobile au diapason

Du côté de l’après-vente automobile, ce choix serait une excellente nouvelle : pour faire durer un véhicule, il doit être strictement entretenu. Permettant ainsi aux réparateurs et autres équipementiers de profiter d’un marché élargi, en lieu et place de pousser vers la casse des véhicules en parfait état de marche.

Bien sûr, ce principe s’applique aux véhicules essence à l’origine. Mais rappelons que l’on sait faire aussi du biodiesel… Et quand on sait l’engouement sur le diesel pendant près de 30 ans, avec un parc circulant encore important, les résultats seraient encore plus spectaculaires. Et le marché pour l’après-vente automobile encore plus vaste. A bon entendeur…