Entreprises du digital : comment communiquer auprès du secteur public ?

Si le secteur public s’est enfin emparé des atouts de la transformation numérique, les écarts technologiques entre territoires démontrent l’absence de stratégie numérique de beaucoup d’assemblées locales.

Or pour les entreprises françaises, comme pour les citoyens et leurs collectivités, réussir la transition du secteur public est une question de souveraineté numérique.

Pour y parvenir, les entreprises du digital auront à cœur de maintenir à l’égard du secteur public une communication nouvelle sur les besoins et les effets de cette transition, en évitant les écueils communs.

Transition numérique : une sémantique en opposition

La transition numérique est généralement présentée comme de l’ordre des entreprises et la littérature à leur intention foisonne. Des PME aux grands comptes, les solutions digitales à leur disposition frôlent le sur-mesure, tout en promettant gain de performance et agilité au service d’une transformation presque philosophique de l’entité entreprise, voire de tout un secteur.

Du point de vue de l’acteur public, la sémantique est toute différente. Alors que l’expression déjà désuète de Smart City occupe encore le podium, l’offre d’Open Data prend du galon, au sein d’un écosystème que l’on peine à identifier. Les injonctions à partager et à enrichir les jeux de données publiques dissimulent la difficulté qu’ont les acteurs publics à se saisir véritablement de la technologie.

Secteur privé versus secteur public, l’hyper réactivité des entreprises technologiques écrase immanquablement l’initiative publique qui n’a pas, comme moteur, l’argument coup de poing de la concurrence et d’une croissance à maintenir. Quand l’administration publique s’occupe de questions numériques, c’est pour « mieux servir les citoyens, les entreprises et les agents 1».

L’intention, au plus près des compétences décentralisées, est pourtant insuffisante pour faire d’une collectivité territoriale une puissance digitale. La capacité d’un territoire à tirer parti de la technologie va au-delà du service qu’il doit rendre. C’est un enjeu majeur pour l’administration publique qui cherchera à maintenir et déployer son pouvoir de décision et de gestion au sein d’une société digitale.

Un indéniable décalage technologique

Les importants investissements de l’État dans la modernisation des services publics pourraient laisser croire qu’il n’y a plus un seul acteur public indifférent à la question numérique. Nous en sommes loin. Parler d’indifférence est injuste mais il y a sans aucun doute un très important déficit de compétences, ou d’élémentaires connaissances en la matière.

En dehors des très grandes collectivités, bien dotées en équipes IT, les besoins et les exigences informatiques semblent tout droit sortis du début des années 2 000 (gestion des emails, des archives, réseaux de faible envergure…). Il demeure cependant difficile de leur reprocher cette situation quand le recrutement d’experts IT est déjà un problème en entreprise, doublée, pour les collectivités, de baisses régulières des dotations.

Au-delà des besoins informatiques courants, la transformation digitale et les bouleversements technologiques sont encore perçus en creux par les décideurs locaux. Ce n’est que récemment que les impacts des applications grand public, tout comme l’exploitation massive des données consommateurs, par les très grands du numérique et les startups s’appuyant sur le terreau technologique, se font ressentir au niveau local. Et c’est encore avec trop de passivité que les collectivités regardent les nouveaux usages se multiplier, sans possibilité de les réguler avec simplicité et réactivité.

Mais les nombreuses solutions, logicielles comme d’infrastructure, se montrent à la hauteur des nouveaux besoins et des budgets de collectivités qui s’éveillent à la conscience d’un meilleur positionnement numérique. Datacenters de proximité, fibre optique, développements applicatifs, solutions analytiques œuvrent de concert à cette transition.

Mieux communiquer pour armer numériquement les collectivités

À quelques mois des élections municipales 2020, les listes se dévoilent, de nouveaux noms apparaissent, des espoirs et des convictions se font jour. Beaucoup de candidats, issus de la société civile, n’ont qu’une vision très théorique des technologies innovantes et de ce qu’elles peuvent apporter à l’action publique.

La majorité qui en sortira aura à relever des défis quotidiens d’une grande complexité, au point que la transformation numérique publique prendra des airs d’arlésienne pour beaucoup de territoires.

C’est pourtant à ce moment qu’il faudra faire preuve de la plus grande des pédagogies et s’efforcer de faire comprendre toute l’importance d’accueillir la transformation numérique, que la commune s’intègre à une communauté, une agglomération, qu’il s’agisse d’un département ou d’une région ou que l’on s’adresse à un établissement public, voire à un délégataire de service public.

Il faudra compter avec les craintes, pas toujours justifiées, des agents publics, avec l’absence de stratégie numérique parfois. Il faudra surtout réussir à démontrer que la collectivité seule ne fait pas la transition digitale d’un territoire et qu’elle aura besoin de s’entourer d’acteurs du numérique conscients des enjeux nationaux, pour que l’expression de la puissance publique se manifeste pleinement jusque dans les sphères technologiques, et non malgré elles, ou sans elles.

1 : https://www.numerique.gouv.fr/actualites/tech-gouv-accelerer-la-transformation-numerique-du-service-public/