Patrimoine automobile : faire savoir les savoir-faire

La nomenklatura écolo-industrielle en a décidé ainsi : l’avenir de l’automobile doit se construire sur un tas de cendres. Celles d’une industrie qui a participé à l’essor économique du XXe siècle. Et que quelques-uns accusent aujourd’hui. Associations et entreprises du patrimoine roulant en général, et du patrimoine automobile en particulier, rebellez-vous : COMMUNIQUEZ !

Industrie automobile : de la passion à la crispation

Témoin de la grandeur industrielle de la France, l’industrie minière a aujourd’hui ses musées et autres centres historiques. Au même titre d’ailleurs que l’industrie textile ou l’industrie automobile. Cette dernière, synonyme de liberté et de grands espaces, a fait rêver des générations d’enfants, petits et grands. Mais force est de constater que les « déplaçoirs » d’aujourd’hui font moins recette. Il suffit pour s’en convaincre de regarder le nombre d’exposants et de visiteurs du dernier Mondial de Paris.

Alors que s’est-il passé en quelques décennies ? C’est très simple : le politique s’est emparé du sujet. D’abord sur le plan de la sécurité routière dans une approche punitive, plutôt que pédagogique. C’est plus lucratif que de développer les compétences de conduite et de maîtrise du véhicule de la population : qui, à l’auto-école, a bénéficié de quelques heures de conduite simulée sur glace, de freinage d’urgence ou d’apprentissage de l’évitement sur route mouillée ?

Ensuite, et c’est bien pire, le politique a fait le choix technologique, en lieu et place du marché . Faire le choix de l’électrique à batterie, outre une neutralité carbone discutable sur l’ensemble du cycle de vie des véhicules, sort du cadre politique. Au mieux s’agissait-il d’imposer la neutralité carbone à la filière d’ici 2035. Aux industriels ensuite de faire les choix technologiques qui leur semblent pertinents pour satisfaire à l’exigence : moteur électrique à hydrogène, carburants de synthèse pour moteurs thermiques, etc. Et sans doute plusieurs choix sont pertinents selon les types de véhicules, les besoins et les usages.

Véhicules d’époque : art, histoire… et emploi

Accusée de tous les maux, l’automobile, y compris thermique, n’a pas dit son dernier mot. Et quelques irréductibles (gaulois ou autres) sont bien décidés à continuer à faire vivre la passion automobile, à conserver le patrimoine roulant et à en développer les filières. Car à son niveau, l’automobile est un art à la fois graphique (carrosserie et intérieur), industriel et technologique (mécanique). Elle est aussi une illustration des modes de vie d’une époque, avec ses bons et ses mauvais côtés.

Préserver le patrimoine roulant est donc une passion pour beaucoup, mais aussi un devoir de mémoire. Certains en ont même fait un art de vivre : moins cher à l’achat mais aussi plus simple (et également moins onéreux) à réparer que les véhicules modernes, on trouve dans les conducteurs d’anciennes (de youngtimers notamment) des personnes qui, sans être passionnés de conduite ou de belles carrosseries, apprécient une certaine authenticité de conduite.

Pour tous ces passionnés et autres daily drivers d’anciennes, force est toutefois de constater que l’offre de service à la fois mécanique ou carrosserie se réduit à vue d’œil. Sans valise diagnostic, beaucoup de réseaux de réparation et d’entretien jettent l’éponge. À tel point que des filières se recréent pour transmettre les savoir-faire historiques en matière automobile : carrosserie, sellerie, mécanique. Un marché d’un peu plus d’un million de véhicules, estimé à plus de 4 milliards d’euros par la Fédération Française des Véhicules d’Époque.

Patrimoine automobile : communiquer au-delà des collectionneurs

Ce marché, il ne tient qu’aux filières de le faire croître. Bien sûr, les collectionneurs en resteront les animateurs, et sans doute les plus dépensiers. Pour autant, il ne tient sans doute à pas grand chose pour convaincre certains conducteurs de se laisser tenter progressivement par la conservation de leurs automobiles. Et pourquoi pas faire le choix d’une ancienne, y compris au quotidien, après avoir roulé en véhicule moderne.

Mais parce que tout le monde n’est pas mécanicien, il s’agit aussi de rassurer ces conducteurs. Qui doivent pouvoir trouver un peu partout près de chez eux des compétences pour entretenir et réparer ces autos, bien différentes de celles d’aujourd’hui.

En d’autres termes, ces filières d’histoire peuvent s’inscrire dans l’avenir, à condition de faire savoir à tous quels sont leurs savoir-faire. Et pour cela, une seule option : la communication.